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Le blabla d'une pistache sans histoire(s)
8 juillet 2007

Impossible de prendre le train du sommeil

Cette nuit était plutôt pénible, il m'était impossible de m'endormir, trop mal à la tête depuis la fin de l'après-midi...

Pourtant, j'avais déjà fait une sieste, pris un aspégic, mais à minuit, rien à faire, la douleur aux yeux et le martèlement dans la tête n'arrêtaient pas.
Etant fatiguée, j'ai quand même décidé d'aller me coucher.

Je me suis tournée et retournée dans mon lit jusqu'à 3 heures du matin. Je me suis alors décidée à prendre un dafalgan cette fois-ci, et comble du bonheur, je me suis visiblement endormie!

Enfin bon, je suis quand même crevée aujourd'hui, tant pis pour Walibi malgré le beau temps!

Quoi qu'il en soit, hier alors que je tentais désespérément de trouver le sommeil, je pensais à mon papa. Lorsque j'étais petite et que je n'arrivais pas à m'endormir ou que j'étais malade, il me lisait une histoire. Toujours la même, et au contraire, ce n'était pas pour me déplaire.

1Il s'agit de "La chèvre de monsieur Seguin" d'Alphonse Daudet.

Dans mon lit, je tentais vainement de me souvenir de l'histoire, mais c'était peine perdue. Alors voilà, je viens de me procurer le texte ici. Pour m'en souvenir la prochaine fois que j'ai du mal à trouver le sommeil. Et ce sera comme si mon papa me la racontait une dernière fois.




Ah ! qu’elle était jolie la petite chèvre de M. Seguin !

Qu’elle était jolie avec ses yeux doux, sa barbiche de sous-officier, ses sabots noirs et luisants, ses cornes zébrées et ses longs poils blancs qui lui faisaient une houppelande !

Et puis, docile, caressante, se laissant traire sans bouger, sans mettre son pied dans l’écuelle. Un amour de petite chèvre ! M. Seguin avait derrière sa maison un clos entouré d’aubépines. Il avait attaché la petite chèvre à un pieu, au plus bel endroit du pré, en ayant bien soin de lui laisser beaucoup de corde.

Mais un jour, elle se dit en regardant la montagne : « Comme on doit être bien là-haut .Quel plaisir de gambader dans la bruyère sans cette maudite longe qui vous écorche le cou ! » A partir de ce moment, l’herbe du clos lui parut fade. Elle maigrit, son lait se fit rare. C’était pitié de la voir tirer tout le jour sur sa longe, la tête tournée du côté de la montagne en faisant Mê ! tristement.

2


M. Seguin s’apercevait bien que sa chèvre avait quelque chose, mais il ne savait pas ce que c’était...

3Un matin, comme il achevait de la traire, elle se retourna et lui dit dans son patois : « Écoutez, monsieur Seguin, je me languis chez vous, laissez-moi aller dans la montagne.
-  Ah ! mon Dieu ! Blanquette, tu veux me quitter !
-  Oui, monsieur Seguin.
-  Tu es peut-être attachée de trop court, veux-tu que j’allonge la corde ?
-  Ce n’est pas la peine, monsieur Seguin.
-  Alors, qu’est-ce qu’il te faut ? Qu’est-ce que tu veux ?
-  Je veux aller dans la montagne, monsieur Seguin.
-  Mais, malheureuse, tu ne sais pas qu’il y a le loup dans la montagne...

Que feras-tu quand il viendra ?

-  Je lui donnerai des coups de cornes, monsieur Seguin.
-  Le loup se moque bien de tes cornes. Il m’a mangé de biques autrement encornées que toi... Tu sais bien, la vieille Renaude qui était ici l’an dernier ? une maîtresse chèvre, forte et méchante comme un bouc. Elle s’est battue avec le loup toute la nuit... puis, le matin, le loup l’a mangée.
-  Pauvre Renaude ! Ça ne fait rien, monsieur Seguin, laissez-moi aller dans la montagne.
-  Bonté divine ! dit M. Seguin. Encore une que le loup va manger... Eh bien, non... je te sauverai malgré toi, coquine ! et de peur que tu ne rompes ta corde, je vais t’enfermer dans l’étable, et tu y resteras toujours. » Là-dessus, M. Seguin emporta la chèvre dans une étable toute noire dont il ferma la porte à double tour. Malheureusement, il avait oublié la fenêtre, et à peine eut-il le dos tourné que la petite s’en alla.

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Quand elle arriva dans la montagne, ce fut un ravissement général. Jamais les vieux sapins n’avaient rien vu d’aussi joli. On la reçut comme une petite reine. Les châtaigniers se baissaient jusqu’à terre pour la caresser du bout de leurs branches. Les genêts d’or s’ouvraient sur son passage et sentaient bon tant qu’ils pouvaient. Toute la montagne lui fit fête. Plus de corde, plus de pieu... rien qui l’empêchât de brouter à sa guise. Et quelle herbe ! Savoureuse, fine, dentelée, faite de mille plantes. Et les fleurs ! De grandes campanules bleues, des digitales de pourpre à longs calices, toute une forêt de fleurs sauvages débordant de sucs capiteux !

5La chèvre blanche se vautrait là-dedans et roulait le long des talus, pêle-mêle avec les feuilles tombées et les châtaignes. Puis, tout à coup, elle se redressait d’un coup sur ses pattes. Hop ! la voilà partie la tête en avant, à travers le maquis.

Elle s’avança au bord d’un plateau, une fleur de cystise aux dents, et aperçu en bas, tout en bas dans la pleine, la maison de M. Seguin avec le clos derrière. Cela la fit rire aux larmes.
-  « Que c’est petit ! Comment ai-je pu tenir là-dedans ? » se dit-elle.

Tout à coup, le vent fraîchit. La montagne devint violette ; c’était le soir. En bas, le clos de M. Seguin disparaissait dans le brouillard, et de la maisonnette on ne voyait plus que le toit avec un peu de fumée. Un gerfaut la frôla de ses ailes en passant. Elle tressaillit. Puis ce fut un hurlement dans la montagne : « Hou ! hou ! »

6Elle pensa au loup.

Au même moment une trompe sonna bien loin dans la vallée. C’était ce bon M. Seguin.
-  Hou ! hou ! faisait le loup.
-  Reviens ! reviens ! criait la trompe. Blanquette eut envie de rentrer ; mais en se rappelant le pieu, la corde, la haie du clos, elle pensa qu’elle ne pourrait plus se faire à cette vie et qu’il valait mieux rester.

La chèvre entendit derrière elle un bruit de feuilles. Elle se retourna, et vit dans l’ombre deux oreilles courtes, toutes droites, avec deux yeux qui reluisaient.

C’était le loup. Énorme, immobile, il était là, regardant la petite chèvre blanche et la dégustant par avance. Comme il savait qu’il la mangerait, le loup ne se pressait pas.

Blanquette se sentit perdue... Un moment, en se rappelant l’histoire de la vieille Renaude, qui s’était battue toute la nuit pour être mangée le matin, elle se dit qu’il vaudrait peut-être mieux se laisser manger tout de suite ; puis, s’étant ravisée, elle tomba en garde, la tête basse et la corne en avant, comme une brave chèvre de M. Seguin qu’elle était. Seulement pour voir si elle pourrait tenir aussi longtemps que la Renaude...

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Le monstre s’avança, et les petites cornes entrèrent en danse. Ah ! la brave chevrette ! Plus de dix fois, elle força le loup à reculer pour reprendre haleine. Alors, la gourmande cueillait en hâte encore un brin de sa chère herbe, puis elle retournait au combat, la bouche pleine. Cela dura toute la nuit. De temps en temps la chèvre de M. Seguin regardait les étoiles danser dans le ciel clair et elle se disait : « Oh ! pourvu que je tienne jusqu’à l’aube... » L’une après l’autre, les étoiles s’éteignirent. Blanquette redoubla de coups de cornes, le loup de coups de dents... Le chant du coq monta d’une métairie.
-  Enfin ! dit la pauvre bête, qui n’attendait plus que le jour pour mourir ; et elle s’allongea par terre dans sa belle fourrure blanche toute tachée de sang. Alors le loup se jeta sur la petite chèvre et la mangea.

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Commentaires
J
Quelle conne cette chèvre.
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